Décision du Bureau : 19.COM 1.BUR 4.1

Le Bureau,

  1. Rappelant l’article 23 de la Convention, ainsi que le chapitre I.4 des Directives opérationnelles relatif à l’admissibilité et aux critères de sélection des demandes d’assistance internationale,
  2. Ayant examiné le document LHE/24/19.COM 1.BUR/4 ainsi que la demande d’assistance internationale n  02204 soumise par la Côte d’Ivoire,
  3. Prend note que la Côte d’Ivoire a demandé une assistance internationale pour le projet intitulé Sauvegarde et valorisation du Gbofé :

Mis en œuvre par l’Office Ivoirien du Patrimoine Culturel, ce projet de deux ans vise à garantir la viabilité du Gbofé, une trompe traversière et une performance de la communauté Tagbana qui englobe la musique, le chant et la danse, un élément inscrit en 2008 sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité (cet élément a été initialement proclamé en 2001 en tant que « chef-d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité »). Principalement pratiqué dans le village d’Afounkaha, le Gbofé est un élément important des cérémonies rituelles et traditionnelles. Cependant, la pratique est en voie de disparition en raison de la baisse d’intérêt pour l’instrument et des déplacements causés par la crise militaire et politique, ce qui a entraîné une rupture dans la chaîne de transmission de la pratique. Ce projet de sauvegarde comprend l’élaboration d’un inventaire basé sur les communautés, l’organisation d’un séminaire de sensibilisation et d’ateliers visant à former les jeunes sur la pratique du Gbofé. Le projet prévoit également la formation des jeunes à la fabrication des instruments et la plantation des plantes et des arbres utilisés pour leur fabrication. Ce projet devrait permettre d’atténuer les risques qui pèsent sur le Gbofé et d’encourager sa transmission aux générations futures, tout en sensibilisant le public à cette pratique et au patrimoine culturel immatériel en général. Il soutiendra le financement et la recherche pour cet élément ainsi que la création de groupes musicaux et de festivals régionaux.

  1. Prend note en outre que cette assistance vise à soutenir un projet mis en œuvre au niveau national, conformément à l’article 20 (c) de la Convention, et qu’elle prend la forme d’octroi d’un don, conformément à l’article 21 (g) de la Convention ;
  2. Prend également note que la Côte d’Ivoire a demandé une allocation d’un montant de 100 000 dollars des États-Unis du Fonds du patrimoine culturel immatériel pour la mise en œuvre du projet ;
  3. Décide que, d’après les informations contenues dans le dossier n  02204, la demande satisfait aux critères d’octroi de l’assistance internationale énoncés aux paragraphes 10 et 12 des Directives opérationnelles comme suit :

Critère A.1 : Cette demande est le résultat de consultations approfondies avec la communauté Tagbana, notamment les jeunes, les femmes, les détenteurs et les autorités locales. Le projet adoptera une approche participative, les communautés étant activement impliquées dans toutes les étapes de sa mise en œuvre. En outre, les membres de la communauté désignés comme « Trésors humains vivants » assisteront l’équipe de recherche pendant le travail de documentation, afin de l’aider à comprendre la situation actuelle et la viabilité de l’élément.

Critère A.2 : Le montant total demandé semble approprié et structuré pour soutenir les différentes composantes du projet. Il correspond aux activités prévues et est cohérent avec le calendrier proposé.

Critère A.3 : Le projet se compose de quatre activités principales : (a) un séminaire de sensibilisation, (b) la documentation et un inventaire basé sur les communautés, (c) des ateliers de renforcement des capacités et la plantation d’arbres, et (d) la restitution des résultats du projet et l’organisation d’un événement culturel pour présenter le Gbofé. Les activités sont présentées dans un ordre logique et correspondent aux objectifs et aux résultats attendus décrits dans le projet.

Critère A.4 : Les activités semblent garantir la durabilité des résultats du projet en mettant l’accent sur les jeunes dans la transmission de la pratique. Des activités telles que la formation à la fabrication d’instruments produiront des résultats pérennes, en encourageant la transmission de connaissances susceptibles d’offrir aux jeunes des possibilités d’emploi et en leur permettant de bénéficier de la couverture médicale du gouvernement. En outre, la plantation d’arbres et de plantes dans le cadre du projet assurera la disponibilité des matériaux nécessaires à la fabrication des instruments et de leurs accessoires à long terme.

Critère A.5 : L’État partie demandeur contribuera à hauteur de 17 pour cent (20 000 dollars des États-Unis) du montant total du budget du projet (120 000 dollars). Par conséquent, une assistance internationale est demandée au Fonds du patrimoine culturel immatériel pour les 83 pour cent restants du montant total du budget du projet.

Critère A.6 : Le renforcement des capacités est une approche essentielle de la mise en œuvre du projet. Au niveau communautaire, dix jeunes recevront une formation sur l’élaboration d’un inventaire communautaire et sur l’importance de la sauvegarde de leur patrimoine vivant. En outre, cinquante autres jeunes membres de la communauté seront formés à la fabrication d’instruments de musique traditionnels, afin d’assurer la transmission intergénérationnelle des compétences correspondantes. Au niveau institutionnel, l’inventaire du patrimoine culturel immatériel et la documentation sur les nouveaux éléments seront également présentés dans une optique de renforcement des capacités afin de contribuer à renforcer les connaissances de divers acteurs, tels que les chercheurs, la société civile et les associations culturelles, sur l’importance de la sauvegarde du patrimoine vivant.

Critère A.7 : La Côte d’Ivoire a bénéficié de l’assistance internationale du Fonds du patrimoine culturel immatériel pour deux projets achevés[1]. Les travaux stipulés dans les contrats relatifs à ces projets ont été réalisés conformément aux règlements de l’UNESCO.

Paragraphe 10(a) : Le projet a une portée locale et implique des partenaires locaux et nationaux : les autorités locales, la direction régionale de la culture, la Commission nationale pour l’UNESCO et des ONG culturelles telles que l’Association pour la Sauvegarde des Musiques de Trompes Traversières de Côte d’Ivoire.

Paragraphe 10(b) : La demande suggère que le projet permettrait de renforcer la sensibilisation à cet élément et au patrimoine culturel immatériel en général, tant au sein du gouvernement national que parmi le public. En outre, l’expérience acquise par l’équipe du projet et les membres de la communauté tout au long du projet devrait contribuer à l’élaboration et à la mise en œuvre de mesures de sauvegarde pour les trois autres éléments de la Côte d’Ivoire inscrits sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

  1. Approuve la demande d’assistance internationale de la Côte d’Ivoire pour un projet intitulé Sauvegarde et valorisation du Gbofé et accorde un montant de 100 000 dollars des États-Unis à cette fin ;
  2. Encourage l’État partie demandeur à assurer la participation des femmes aux activités du projet étant donné que celles-ci jouent un rôle important dans les pratiques liées au Gbofé ;
  3. Encourage en outre l’État partie demandeur à s’appuyer sur les résultats du projet et à viser, dès son achèvement, la mise en place d’un système national de sauvegarde de cet élément ;
  4. Demande au Secrétariat de se mettre d’accord avec l’État demandeur sur les détails techniques de l’assistance, en accordant une attention particulière à ce que le budget et le plan de travail soient suffisamment détaillés et précis de manière à fournir une justification suffisante des dépenses ;
  5. Invite l’État demandeur à utiliser le formulaire ICH-04-Rapport pour rendre compte de l’utilisation de l’assistance accordée.

[1] (a) Assistance préparatoire (Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente) pour le projet intitulé « Gbofé d’Afounkaha » (6 000 dollars des États-Unis ; décembre 2008 - juin 2010) et (b) « Inventaire du patrimoine culturel immatériel présent en Côte d’Ivoire en vue de sa sauvegarde urgente » (299 972 dollars des États-Unis ; décembre 2015 – décembre 2018).

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